À coup sûr, l’été à venir sera comme le précédent, comme les prochains : caniculaire et rythmé par des feux de forêts aux quatre coins de la France et du monde. Les changements climatiques se constatent dans les bois plus qu’ailleurs et les arbres peinent à suivre. En cause, notamment, l’exploitation des forêts en tous points contraire à leur adaptation. Depuis quinze ans, le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) mène des réflexions sur le foncier forestier, le travail dans les bois et la préservation des forêts afin d’impulser une vision contraire à celle de l’industrie. Nous avons participé à l’une des formations que le réseau propose, dans le Tarn. Reportage.

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Ici, dans la forêt du Passet, s’il n’est pas directement question de lutte, les enjeux sont bien politiques. On serait proche de ce que la sociologue Geneviève Pruvost nomme la « politisation du moindre geste8 » : celle qu’institue la pratique collective et volontaire, et qu’un tissu serré d’alternatives construit ici depuis une dizaine d’années afin d’élaborer une autre façon de s’approprier la forêt et les arbres qui s’y trouvent. Ce sont le partage d’expérience, l’écoute et l’observation qui occupent les participant·es. Ces bois ont été le « lieu fondamental de mon apprentissage », explique Mathias dans l’un des textes qu’il publie régulièrement en ligne. Il ajoute : « Ma relation au Passet est un truc qui a toujours été là, je suis né dedans, les tripes incrustées. » Pour moi, c’est une forêt où l’observation distanciée du journaliste et du chercheur se trouve, un instant, suspendue.