Ça me désespère un peu qu’on parle si peu de la révolution que les avancées en machine learning préparent. Le grand public connaît ChatGPT et Dall-E mais il y a plein d’autres choses:
- La reconnaissance vocale est basiquement résolue (whisper est un modèle open source multilingue qui tourne sur votre PC)
- La locomotion robotique est résolue pour les quadrupèdes et en grande partie pour les bipèdes
- Les manipulateurs robotiques de type ALOHA peuvent apprendre une nouvelle tâche avec juste 15 minutes de démo humaine
Les tâches physiques vont être automatisées très vite!
Des robots flics bientôt dans ton quartier. Avec des robots contremaîtres qui te diront d’aller plus vite en chronométrant en temps réel ta productivité. Heureusement qu’à la maison on aura notre robot partenaire pour nous consoler grâce au machine learning via psychologie TCC et nous faire jouir grâce des branlettes sponso par Boston Dynamics.
Perso les robot-flics, je pense qu’on va complètement changer d’avis à ce sujet dés qu’on va en voir en vrai: toutes les actions filmées, pas de “j’avais peur pour ma vie j’ai tiré”, pas de mépris dans les interactions…
Et non, l’ouvrier humain deviendra contremaitre des ouvriers robotiques. C’est le but. Un peu comme les ouvriers d’aujourd’hui sont surtout là pour contrôler des machines plutôt que pour faire le travail physique qu’elles font.
C’est un vrai débat, qu’on a déjà eu ailleurs sur Reddit. De mon côté je suis plus que sceptique.
Sur le rapport technologie qui libère du travail, un bracelet électronique m’a fait cavaler pendant 5 ans dans une usine où même mon temps de repos entre deux missions était calculé avec des analyses productivités quotidienne, un exemple entre autres. Donc j’ai un étonnement certains (voir un sérieux doute) sur l’apport systématique de l’intégration de la technique dans nos vies.
C’est pas systématique et c’est pas automatique. Dans une relation d’exploitation, l’exploiteur va utiliser la techno à son avantage.
L’intérêt de ce genre de technos (à mon sens, de techno-utopiste) n’est pas de donner des outils de lutte contre l’exploitation, ça c’est les syndicats qui le font, mais de rendre l’exploitation des humains obsolète, et permettre un nouveau type de société. Abondance, post-scarcity, post-travail, où la plupart des inconvénients de la propriété collective des moyens de production disparaissent.
Et perso, plus on vote à gauche en ce moment, plus je suis serein pour aborder ces technos qui arrivent dans quelques années.
Je pense qu’on a assez vécu longtemps avec le développement d’outils et de révolutions techniques pour comprendre que l’émancipation ne viendra pas de la technique.
On produit suffisamment de bouffes pour nourrir la planète, des techniques médicales pour vivre longtemps, de l’ingénierie pour être confort sans détruire la planète, pourtant ce n’est pas le cas. C’est que le problème n’est pas corrélé à la technique non ?
Le temps de travail descend régulièrement depuis qu’on mécanise le travail et le niveau de vie monte. L’émancipation promise, elle vient.
Après, on aurait sûrement pu s’affranchir du travail y a 20 ans à peu près je pense. Oui, ça demande une évolution culturelle qui n’arrive pas automatiquement dés que la technique la rend possible, mais au bout d’un moment la technique va la rendre inévitable.
Je préférerais que ce soit souhaité plutôt que subi, mais si l’alternative c’est que ça n’arrive jamais, eh bien tant pis, ce sera subi.
Ça fait 15 ans que je vois un nœud gordien: personne (du coté syndicats surtout) ne croit l’automatisation du travail possible, donc personne ne s’y prépare mais quand on propose des avancées on entend dire qu’on peut pas, on est pas prêt!
J’aimerai y croire, crois-moi (mais c’est pas comme si, de la silicose qui tue à 60 ans aux dos explosés sans compter les divers cancer consécutif à l’exposition de la science, j’avais quelques craintes).
Concernant le côté syndicat, tu n’as pas l’air syndiqué car la question se pose avec de plus en plus d’acuité dans les différentes centrales mais aussi niveau international (européen voir mondial). Un exemple pour la peine avec l’UGICT : https://journaloptions.fr/2024/05/02/lintelligence-syndicale-au-defi-de-lintelligence-artificielle/ ou encore la CFDT : https://www.cfdt.fr/portail/presse/communiques-de-presse/commission-de-l-ia-faire-des-travailleurs-les-acteurs-de-transformations-numeriques-justes-et-responsables-srv1_1346063
Je le serais si j’étais salarié ou si mes clients étaient en France. Le syndicalisme m’intéresse beaucoup et si tu connais bien, j’ai une question. La charte d’Amiens parle de trucs qui m’interpellent mais dont je ne vois aucune traduction concrète alors que le temps me semble pourtant venu:
La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat.
…
il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale.
On peut en parler à un moment de cette étape? Non parce que dans l’informatique, le mouvement open source me semble être une concrétisation de cet idéal, et les modèles de coopératives, SCOP, SCIC me semblent également un outil populaire pour atteindre ces objectifs, et c’est à mon sens le seul moyen de ne pas subir la transformation IA+robotique qui s’annonce.
Le temps de travail descend régulièrement depuis qu’on mécanise le travail
En fait non.
Après, on aurait sûrement pu s’affranchir du travail y a 20 ans à peu près je pense.
Peut être pas, mais en prenant le niveau de vie median des années 80 et l’augmentation de productivité depuis, on pourrait bosser genre 20h par famille.
Je pense que tout le monde croit a l’automatisation du travail. La vrai question est qui en profitera?
Perso je pense notre civilisation finie.
- soit on s’effondre (changement climatique)
- soit on automatise (changement profond du système capitaliste avec ou sans exploitations)
Soixante ans de réduction du temps de travail dans le monde
mais en prenant le niveau de vie median des années 80 et l’augmentation de productivité depuis, on pourrait bosser genre 20h par famille.
On a préféré augmenter le confort que réduire le temps de travail. Il y a aussi la question du logement qui me semble là être un cas de manque artificiel.
soit on automatise (changement profond du système capitaliste avec ou sans exploitations)
Désolé de préférer cette alternative!
plus on vote à gauche en ce moment
ça fait 30 ans qu’on vote à droite, espérons que ça change, sinon “on va essayer ce qu’on n’a pas encore essayé” 🤡
on va essayer ce qu’on n’a pas encore essayé: un socialisme progressif sans intervention extérieurs des capitalistes?
ça dépendra de qui contrôlera les robots.
Un truc c’est que ça va à l’encontre des robots programmables pour faire exactement le même mouvement, qui est un peu la base de toute la progression massive de qualité. Aujourd’hui dans ton usine de vaccin ou d’avion, ton service qualité te demande comment tu sais que ton robot fait exactement le bon mouvement, et tu réponds c’est un programme déterministe qui utilisent des capteurs de positions calibrés (certificat ci-joint) et une validation périodique. c’est une réponse claire et qui marche. Le remplacer par On a un robot qui a un algorithme propriétaire capable de reproduire un mouvement humain après 15 minutes de démosntration va faire grincer les dents des équipes qualité.
Et justement, les machines CNC, et en général les robots et process industriels qui font des pièces identiques avec des tolérances ridicules c’est une des révolution technologique silencieuse dont personne n’a parlé mais qui a changé nos vies depuis disons les années 80. Et justement les emmerdeureuse du département qualité avec leurs questions à la noix y sont pour beaucoup. Donc je doute qu’on ait ces robots qui apprennent tout seul dans les ateliers de si tot.
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Juste pour pondérer, a en voir les histoires du cadre de Tricastin et de l’inspecteur qui avait alerté sur je sais plus quoi, le nucléaire ca a plutôt l’air d’avoir des contraintes d’omerta sur la qualité qu’autre chose.
Le but n’est pas de remplacer ça, mais de remplacer les humains qui les chargent, les déchargent, prépositionnent les éléments, nettoient les parts, les emballent, etc…
Bien sur que le contrôle qualité doit être déterministe. Et ça, ça vaut que la prod soit humaine ou automatisée.
Comme lors de la revolution industrielle, de la decouverte et l’exploitation du petrole, l’invention de l’electricite, l’avenement de la robotique, la creation des transistors ou plus récemment avec la conception de l’ordinateur, le reflex est de dire que cela va permettre de soulager les etre humain, cela va “remplacer leur travail”. Mais comme apres chacune de ces révolutions il n’en sera rien. On travail toujours autant (oui, c’est pas jospin qui a invente l’ordinateur).
Car c’est l’etre humain et uniquement lui qui crée de la valeur et peut permettre aux capitalistes de s’enrichir. Bonne chance aux même capitaliste pour s’enrichir dans un monde ou plus personne ne travail.
Les etre humain feront donc juste d’autre boulots de merde et l’ia aura juste etee un goufre énergique permettant de toujours plus exploiter les etres humains. Les multiples applications securitaires de l’ia permettent ce que l’on voit aujourd’hui avec la VSA ou les ciblage de populations de facon automatique par exemple. Sans compter que c’est aussi un moyen de freiner des luttes a grand coup de techno-solutionisme.
On travail toujours autant
Euh, non? On travaille moins mensuellement, quotidiennement, et en pourcent de la vie vécue. On travaille beaucoup moins physiquement (même si on n’a pas supprimé le travail physique). Je rappelle que les premiers combats ça a été de reconnaître le droit aux retraites et aux pensions d’invalidité, d’interdire le travail des enfants. La première limitation du temps de travail a été 12h par jour et un jour férié par semaine.
Car c’est l’etre humain et uniquement lui qui crée de la valeur et peut permettre aux capitalistes de s’enrichir.
Oui mais pas dans le sens où tu l’entends. C’est la consommation qui donne de la valeur, mais que le produit soit fait par une machine ou un humain, le marché s’en fout. Ce qui change par contre, c’est que s’il n’y a pas d’humain dans la chaine, la compétition tire les prix vers le bas et rend très bon marché les produits. L’être humain donne une valeur marchande, mais la valeur intrinsèque, elle, reste.
Les etre humain feront donc juste d’autre boulots de merde
Cette fatalité me gonfle. Si le boulot est inutile, arrêtez de vouloir à tous prix mettre les humains au taf’! Un autre monde est possible bordel.
Sans compter que c’est aussi un moyen de freiner des luttes a grand coup de techno-solutionisme.
C’est au contraire un putain de coup d’accélérateur.
Faudra m’expliquer les actuelles reformes du chômage et des retraites. Et je compte pas l’impérialisme qui permet au capitalisme d’avoir accès a la main d’œuvre d’autres pays.
C’est la consommation qui donne de la valeur
Absolument pas. Je parle ici de valeur économique, celle-ci est belle et bien crée lors de la production d’une marchandise.
Cette fatalité me gonfle.
Deso, j’ai pas le pouvoir dans ce pays
C’est au contraire un putain de coup d’accélérateur.
Développe stp
Faudra m’expliquer les actuelles reformes du chômage et des retraites.
Eh bien elles vont à rebours de la tendance à long terme, ce qui n’est pas surprenant quand on élit des réactionnaires et des conservateurs. Il y a un pseudo-argument à la réforme des retraites qui est que le temps de vie s’allongeant, la durée de cotisation doit le faire pour conserver le même %age du temps de vie au travail mais en vérité la tendance voudrait soit qu’on revienne à 60 ans, soit qu’on passe à la semaine de 32h.
Développe stp
Ça redéfinit un point fondamental du contrat social qui est que les denrées nécessaires sont fournies en échange d’un travail productif. Si aujourd’hui un travailleur fournit de quoi vivre à deux personnes (à peu près ce qu’on a aujourd’hui, avec 45% de population active) ton équation change radicalement quand un travailleur peut en fournir à 10 parce que son travail a été démultiplié. À un moment il faut accepter que forcer tout le monde à être au travail ne sera plus nécessaire.
On a quelque part de la chance car en ce moment la population active diminue pour raisons démographique et que ça va continuer un moment, mais à un moment il va falloir accepter une de ces choses ou une combinaison d’icelles:
- normaliser le fait de ne pas travailler quand on est “en âge de le faire”.
- abaisser drastiquement l’âge de la retraite.
- diminuer le temps de travail.
Et on va vers ces choses là d’autant plus vite qu’on automatise la production.
deleted by creator
Mesuré comment?
Attention sur le temps du travail. La tendance a long terme est très sévèrement a la hausse. C’est plus a moyen terme (150 ans) qu’elle baisse.
On estime le temps de “travail” “naturel” de sapiens entre 15&20h/ semaine avant l’agriculture, un temps de travail annuel moyen double au moyen âge… C’est juste l’ère industrielle qui a tout pété.
Il y a beaucoup de légendes primitivistes sur le sujet. Les ouvriers au moyen age travaillaient en général tant qu’il faisait jour (les chandelles sont chères!) et je doute qu’on laissait les esclaves se la couler douce sous l’empire romain.
La première limitation du temps de travail a été 12h par jour et un jour férié par semaine.
Attention, on a observe qu’au delà de 40h la productivité a moyen terme diminuait tellement que la production chutait. C’est un peu l’idée de Ford, et ça a été redémontré récemment. Du coup l’argument est moyen.
Sur la valeur: elle n’est pas intrinsèque, uniquement un construct social. Il y a un coût de production (heures x productivité), une valeur marchande, une valeur spirituelle etc… Mais seul le coût de production est vraiment clair. 100h a faire une merde, ça a une valeur de rien. Un lingot d’or a une valeur spéculative. Un pain a une valeur sociale d’echange, et une valeur de marché fonction de la faim du client. Mais même a une fonction strictement équivalente (pain et poisson juste pour l’exemple bidon) si le nombre d’heures de production differe la valeur du produit va changer en fonction de la perception sociale de celle ci, de la culture de mise en commun etc.
Les etre humain feront donc juste d’autre boulots de merde
Cette fatalité me gonfle.
C’est plus un constat des évolution précédentes. L’amélioration humaine est autant liée a la lute sociale qu’a la facilitation de la vie.
Si le boulot est inutile, arrêtez de vouloir à tous prix mettre les humains au taf’! Un autre monde est possible bordel.
OUI!
Bien sur qu’un ouvrier est moins productif après 10h de boulot dans la journée, mais l’idée était que si tu peux extraire de la valeur d’un ouvrier crevé quand même. Exploiter une heure de plus pour extraire 30 mins de travail utile, ça reste un profit!
On a montré depuis que la productivité totale d’un employé qui fait de petites heures est supérieure à celle d’un employé fatigué. On l’a montré plusieurs fois, en ce moment autour de la semaine de 4 jours. Il se trouve que le patronat n’est pas spécialement intéressé par les faits. Et oui, Ford a montré que bien des idées reçues par le patronat sont fausses. On a découvert depuis que contrairement à la légende, l’exploitation n’est pas rationnelle et une pure optimisation de l’organisation du travail par des individus recherchant le profit, mais que dans la classe dominante, l’exploitation avait une valeur en soi. Le refus du télétravail l’a montré, Bullshit Jobs l’a étudié: foutre des gens au boulot sous tes ordres est une chose pour lesquelles les employeurs sont prêts à payer.
Sur la valeur: elle n’est pas intrinsèque,
Quand on parle de valeur intrinsèque, on parle de l’utilité: combien une pomme rassasie, combien une couverture chauffe, etc. C’est extrêmement dur à mesurer, mais c’est une notion qui a un sens. L’utilité d’un walkman par exemple est similaire qu’il coûte trois mois de salaires ou qu’il soit offert dans un paquet de céréales.
Si on garde les yeux sur la valeur intrinsèque, on vit d’une façon extrêmement confortable par rapport à il y a un siècle ou deux. La première salle de bain moderne venue ferait envie à la cour de Louis XIV. Le confort et la vitesse d’une voiture incomparable aux carrioles d’antan, et la connaissance, quasi-gratuite, là où un livre coutait autrefois un mois de salaire.
Il est presque déjà possible de vivre confortablement avec “rien”, entre RSA et chomage on peut presque dessiner une forme de revenu universel. Il ne manque pas grand chose pour y être.
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