Et c’est parti pour un autre retour sur un de mes jeux « simple » préféré. Prenez un thé, un café et un petit gateau, on va regarder ça ensemble.

Sea Salt & Paper est un jeu de carte édité par les Quimpérois de Bombyx, sorti en 2022, des deux auteurs français Bruno Cathala et Théo Rivière.

Le premier est l’auteur de nombreux jeux dont Mr. Jack, 7 Wonder Duel (avec Antoine Bauza), Kingdomino, Five Tribes, Cyclades, Splendor Duel, etc.

Et le second est plus connu pour Draftosaurus.

Bien que je ne connaisse pas vraiment Théo, je suis assez fan des jeux de Bruno. Il arrive toujours à apporter un petit plus à ses jeux pour les rendre intéressants. Je pense que n’importe qui peut s’amuser à la découverte d’un jeu aussi simple que Crazy Mistigri, qui est pourtant loin d’être exceptionnel.

Le jeu coute environs 11 € et se joue de 2 à 4 joueurs. Les gens semblent préférer 2 joueurs, mais je confirme que ça se joue très bien à 3 ou 4, même si les sensations sont un chouilla différent (dans mon cas, le niveau de stress augmente).

Boite et matériel

Avant d’aborder l’image, parlons de la boite : Elle robuste et plus petite que la moyenne, donc bien remplis, ce qui est loin d’être neutre dans le marché du jeu de société.

C’est un problème qui existe depuis un moment pour les éditeurs : Les petites boites se vendent moins bien, car le consommateur a un rapport implicite entre la taille et le prix. C’est la raison pour laquelle les boites son souvent vide. Notez que c’est un vrai problème pour les éditeurs qui préfèreraient diminuer un peu les tailles de boites car ça leur coute en transport.

Bombyx fait ici le choix de l’espace, et ayant déjà trop peu de places sur mes étagères, c’est apprécié.

Notez que pour les mêmes raisons, Bombyx a également choisi de ne pas intégrer de carnets de scores. Une petite note dans les règles « de quoi noter les scores » m’auraient aidé à le comprendre, car j’ai cru qu’il manquait un truc.

Direction artistique

Le premier truc qui marque quand on voit la boite du jeu, c’est sa direction artistique. La boite est reconnaissable immédiatement. Si c’est la première fois que vous la voyez, croyez-moi, vous la remarquerez immédiatement la prochaine fois que vous passerez devant dans un magasin ou ailleurs.

Les cartes sont illustrées par des origamis pliés par Lucien Derainne et Pierre-Yves Gallard, également responsable des photos, magnifiquement colorées.

Chaque carte dispose de sa propre image : Je croyais qu’elles étaient identiques avec une variation de teinte sous toshop, mais rapidement on comprend qu’elles ne pourraient pas être aussi sympa avec un simple étalonnage. Et après vérification, chaque carte est bel et bien unique.

Le sens du détail

L’iconographie est très simple et bien placé. En haut à gauche, les informations importantes et une icône désignant la couleur pour les malvoyants. Un petit chiffre en bas à droite indique le nombre total de cartes identiques présentes dans le paquet.

Quand on ouvre la boite, le jeu vous propose un QR code qui renvoi sur cette page où les règles sont expliquées.

Règles

Je ne suis pas pour raconter les règles, mais elles sont tellement simples que je trouve ça dommage de ne pas tenter de vous les expliquer ! :D

Mise en place et roulement de jeu.

La mise en place est une des plus rapides que je connaisse : Posez le paquet, piochez deux cartes que vous posez devant vous, face visible, devant les joueurs, choisissez le premier joueur aléatoirement. Voilà.

Chaque tour, le joueur a le choix entre :

  • Piocher deux cartes, en garder une dans sa main, poser l’autre sur un des paquets, face visible.
  • Prendre une seule des deux cartes du dessus de leur paquet respectif.

Jusque-là, ça va. La subtilité commence maintenant. Les quelques règles qui suivent mettent une ou deux parties à être assimilées, mais ça vient assez vite.

Après sa phase de récupération de carte, le jeu peut ensuite jouer un (ou plusieurs) duos de cartes de sa main qui déclenche un effet (voir juste après).

Types de cartes.

Il y a quatre types de cartes.

Les cartes duos

Elles produisent un effet uniquement si elles sont jouées par paire. Le joueur pose les deux cartes devant lui et applique l’effet :

  • 2 × Bateaux : Rejouer.
  • 2 × Poissons : Piocher une carte.
  • 2 × Crabes : Choisir un des deux paquets face visible et y chercher une carte.
  • 1 × Requin et 1 × Nageur : Prendre une carte dans la main d’un adversaire.

Chaque duo rapporte 1 point en fin de partie, qu’il soit joué ou non.

Les cartes collection

Ces cartes ont un petit compteur. Plus vous en avez, plus vous gagnez de points. Par exemple, pour la carte coquillage, si vous avez 4 cartes coquillage, vous gagnez 6 points.

Les cartes multiplicatrices

La valeur de ses cartes est égale au nombre de points indiqués multiplié par le nombre de carte dans votre main du type demandé.

Les cartes sirène

Il y en a 4 dans le paquet. Avoir les 4 vous fait immédiatement gagner la partie. Faites attention si la partie s’allonge et que vous n’en avez aucune dans votre main !

Sinon, chaque sirène rapporte 1 point par carte de la couleur qu’on a en plus grand nombre (e.g. si vous avez 2 cartes jaunes, 3 cartes noires, 2 cartes bleues et 2 sirènes, vous gagnez 3 points pour la première sirène et 2 points pour la seconde).

Fin de manche

Le décompte des points se peut semble lourd, mais je vous assure que ça vient très vite.

À la fin de chaque tour, le joueur, s’il a 7 points ou plus, peut choisir de lancer la fin de la manche :

  • Soit immédiatement : On arrête immédiatement de jouer, chacun compte ces points et les ajoute à son total.
  • Soit en pariant sur le fait qu’il va gagner au prochain tour. Il dit alors « dernière chance » : On laisse le tour se terminer (interdiction d’utiliser le vol de cartes requin/nageur) et on compte les points.
    • S’il est bien premier (score supérieur ou égale), il ajoute à son score un bonus de couleur (comme une carte sirène) et les autres joueurs ne gagnent que leur bonus de couleur.
    • S’il échoue, il ne gagne que le bonus de couleurs et les adversaires gagnent leurs points normaux.

4 cartes d’aides sont fournis :

Forcément, la seconde méthode est celle qui rapporte le plus de points, mais aussi la plus risquée.

Vous l’aurez compris, on compte les points de sa main en continue durant la partie. Encore une fois ce n’est pas vraiment difficile, vous lancez le tour quand vous sentez que vous qu’un tour vous a fait taper rapidement au-dessus de 7.

Si vous jouez à 2, le premier joueur à atteindre 40 points gagne la partie. À 3 c’est 35 et à 4 c’est 30.

I feeel good

Bon, les règles à l’écrit c’est toujours un peu lourd à digérer. J’espère ne pas vous avoir rebuté.

Mais alors ça donne quoi en termes de sensation de jeux ?

Déjà, c’est assez rapide. La vitesse à laquelle on met en place le jeu ainsi que sa simplicité aide à y jouer facilement et régulièrement. 30 secondes à préparer pour 20 minutes de jeu.

Les cartes sont superbes et j’adore leurs couleurs vives, mais jamais saturées.

Ensuite les quelques règles apportent pas mal de profondeur tout en étant suffisamment simple pour ne pas se faire des nœuds au cerveau.

L’analyse des actions de l’autre donne de précieuses indications sur ce sur quoi le joueur adverse se focalise. Si vous remarquez que vous identifiez les cartes qui l’intéresse, vous pouvez vraiment le gêner.

Tous ces petits ingrédients donnent des décisions intéressantes à prendre.

Quant à savoir à qui est destiné ce genre de jeu… Bon, les personnes de mon entourage qui l’apprécient énormément sont principalement des filles. Pourtant, bien qu’étant un joueur très tourné vers la bagarre et la confrontation directe (Wingspan ça me fatigue rien qu’en voyant la boite), j’ai la sensation que ce jeu ne vous laisse toujours une opportunité de gagner si vous êtes suffisamment attentif à ce qui se trame durant la partie.

Certains (dont j’ai pu faire partie) trouvent que le jeu est trop lié au hasard. Pourtant un membre de l’équipe de la maison d’édition affirme qu’il a réussi à obtenir la première place du classement Elo de Board Game Arena au premier mois du lancement.

Il semble donc que Sea, Salt & Paper ait réussi à rejoindre les jeux simples, mais profond, comme Jaipur et Lost Cities.

Ah, mais je vous ai jamais parlé de Jaipur ? Bah pour un autre retour, alors !

Portez-vous bien !