Je me disais que ça pourrait être cool d’avoir un espace pour pouvoir discuter narration, est-ce qu’il y en a des francophones ? Est-ce qu’il a d’autres auteurs ici, est-ce que ça les intéresserait ?
Ping-ponger des idées, parler de concepts ou s’interroger sur comment faire les choses ?
Oui ! Plus j’avance, plus je me dis que c’est une force. En SF par exemple, avoir un high concept fort dont les détails ne sont pas trop expliqués permet au lecteur de faire le boulot de World Building pour toi. Je pense a Silo en disant ça, dont le premier tome donne aucune info et le seconde retropédale PENIBLEMENT pour donner des infos et est très décevant.
Tu peux étayer le concept de “changement de focalisation” ?
Globalement je te rejoins sur le “si c’est pas clair, c’est raté” donc j’irai jamais me taper là dessus, si mon intention est pas comprise, si ma ligne temporelle est pas clair etc… Si j’y tiens je dois mieux le bosser, si j’y arrive pas, c’est poubelle.
Le truc contre lequel je me tape (entre autre) avec les éditeurs c’est le fait de confondre conflit et intensité. Culturellement en occident, nos récits reposent sur des conflits grandiloquente et des climax liés aux dits conflits. C’est très dur de faire comprendre que tu peux véhiculer des émotions intenses SANS combat final. C’est là où il faut trouver des personnes un peu ouvertes qui sont prête à bosser dans ton sens et pas essayer de te faire te calquer sur ce qui se fait habituellement.
J’avais par exemple un récit qui se passait sur un vaisseau générationel, l’idée c’était de voir les crises existentielles de plusieurs persos alors qu’ils allaient passer leur vie sur ce vaisseau, un éditeur m’avait dit “et si une IA méchante essayait de tous les tuer ???” Ahem.
Par exemple, très concrètement, dans deux passages de narration différents du même récit, une béta-lecture me fera ressortir que la narration parle d’abord d’un point de vue omniscient puis que la narration semble parler du point de vue intérieur d’un⋅e des personnages. Et ces changements perturbent beaucoup certaines personnes, qui sont habituées à un certain type figé de focalisation pendant la narration. Pour moi c’est juste une histoire d’habitudes de lecture, dans lesquelles on s’enferment un peu.
Ça se voit quand quelqu’un essaie, dans un sujet de discussion ouvert sur forum de BL, de faire valoir que dans la littérature “blanche” (je déteste cette appellation), la narration peut être ambiguë et libre dans sa focalisation, et peut même permettre à l’auteur de donner son avis. Là il y a toujours une autre personne pour dire que “dans la SF on ne fait pas comme ça”…
Ha ha… non mais je crois que déjà on part de loin en France. Chez nous il faut des années avant que les éditeurs/producteurs arrivent à se dire qu’on peut faire des choses un peu différentes (c’est à dire sans marché clairment identifié), alors que c’est peut-être déjà en train de se faire ailleurs (Becky Chambers fait bien du space opéra “cosy” depuis des années elle…). Et sans un gros succès commercial pour amorcer des nouveaux genres, on peut rester longtemps dans les vieilles mécaniques narratives et thématiques.
Ah oui c’est des débat que je ne connais pas puisque je ne suis pas dans l’écrit-écrit.
Totalement, et globalement les gens ont tendance à être bien sectaires sur la Littérature. J’ai des potes qui sont outrés des romans écrits au présent. Moi mon point de vue c’est que tant que c’est clair et que ça raconte quelque chose d’intéressant, tu fais bien ce que tu veux.
Cette pauvre SF qui se fait mettre dans des petites cases. C’est vraiment dur. Effectivement tu cites Chambers qui a vraiment réussi à faire shifter un truc dans le discours sur la SF, je trouve. Ce genre de démarche commence à être un peu plus compréhensible pour le public, et je lui en suis assez reconnaissant.
Il y a effectivement un gros problème de marché et des attentes de éditeurs. Il faut un truc facilement identifiable pour pouvoir le vendre. Je fais de la SF, mais pas du pew-pew-boom-boom et plutôt tranche de vie. Et la tranche de vie si c’est pas un truc markété en mode “le récit de ma dépression dans ma vie parisienne” ou “le quotidien de ma famille rigolote, hihi” ils en veulent pas.
Surtout chez nous, où on a sacralisé LA Littérature tout en apprenant dès l’école que les “genres” c’était de la sous-culture…
Ben Moi les romans écrits systématiquement au passé simple pour faire Littéraire ou historique ou Fantasy, je trouve ça lourd :D
Voila, c’est bien résumé.
Et ça te dirait pas d’écrire des formes (très) courtes et de les poster en licence libre sur !microfictions ?
T’inquiètes, j’y pense, j’y pense ! J’ai tellement l’habitude d’écrire des pavés que c’est un exercice difficile. J’en suis a essayer de formuler ça en théorie, pour trouver une structure qui est adéquate. En écrivant je me rend compte qu’un formule très simple comme le kishôtenketsu est plutôt appropriée.
Re, en vous lisant 20h tard et on voyant ce que vous dites sur les problèmes de focalisation (que je fais souvent), les récits sans gros antagoniste (dont je suis fan) etc etc, je me dit que clairement, ils nous faut ce fil dédié ou cette commu.
Au pire on sera trois ! Mais déjà ces quelques messages m’ont remotivé à rouvrir scrivener donc c’est positif :)
Mais ce pseudo, quel enfer ahah !
Bon y’a trois intéressés et demi, je vais réfléchir un peu voir comment animer ça, parce qu’en étant peu il va falloir faire des efforts. Je reviens vers vous prochainement.
Mon pseudo ?
Car si vous voyez un nom en rapport avec le fondement et des stéréotypes français, alors c’est un bug et il ne devrait plus s’afficher.
Ah mince, c’est bien en rapport avec le fondement et des stéréotypes français.