toadzilla

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Cake day: September 27th, 2023

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  • Ce procès était une commande politique, la DGSI a monté en épingle de faux éléments. Exemple de bidonnage, les écoutes: la DGSI a inventé des propos qui leur étaient reprochés. Médiapart a fait son boulot, ça se fait rare en france:

    rapport DGSI: “il faut pendre des objectifs”

    extrait sonore correspondant: “il faut prendre de bonnes habitudes”

    rapport DGSI: “on doit faire atention à youtube”

    extrait sonore correspondant: “on ira faire un tour sur youtube”

    rapport DGSI: “c’est maintenant ou jamais qu’il faut prendre des objectifs

    extrait sonore correspondant: “c’est maintenant ou jamais qu’il faut prendre des bonnes habitudes

    Ces extraits reviennent souvent dans l’ordonnance de renvoi qui permet au juge d’instruction de les poursuivre pour appuyer l’idée qu’ils voulaient passer à l’acte.

    https://yt.oelrichsgarcia.de/watch?time_continue=62m52s&v=hKL7QPEQAqw

    Comme d’habitude après un paté d’envergure, Macron accélère dans la choucroute: il récompense Nicolas Lerner ex directeur de la DGSI en le nommant à la DGSE. Vous savez, cette agence qui n’a pas vu venir le coup d’état au Mali, qui a loupé le coche sur celui du Burkina-Fasso, qui s’est plantée sur les intentions de Poutine et qui pionçait quand une junte a pris le pouvoir au Niger ? Désormais c’est ce type qui a fait n’importe quoi sur le procès du 8.12 qui reprend la boutique.

    C’est pas juste des gens malhonnêtes c’est qu’en plus ils font ça hyper mal. Entre temps croyons les sur parole lorsqu’ils annoncent avoir déjoué 2458547 attentats avec Macron117 en back-up…

    https://images.ladepeche.fr/api/v1/images/view/623075952a4f7207622bfb13/large/image.jpg?v=1




  • Quelles sont les grandes tendances de l’évolution de la menace terroriste en lien avec des théâtres extérieurs ?

    3 zones retiennent notre attention.

    D’abord la zone sahélienne et africaine. A court terme, les organisations terroristes qui y sont présentes sont engagées dans un agenda local. Mais si ces groupes devaient de nouveau conquérir des emprises territoriales, cela pourrait accroître leur attractivité et donner lieu à la création de filières qui, pour l’heure, n’existent pas.

    Vient ensuite le théâtre syro-irakien, où l’Etat islamique conserve une résilience préoccupante et, enfin, le théâtre afghan, où le nombre de combattants de l’EI a presque décuplé depuis deux années.

    Le phénomène auquel on assiste depuis un an est moins un risque de projection de la menace – au sens où on l’entendait en 2015 avec des opérationnels qui quitteraient la zone pour venir nous frapper – qu’une activation à distance de sympathisants depuis une zone de djihad.

    3 exemples récents illustrent cette nouvelle forme de menace : le premier a été entravé par la DGSI en novembre 2022 à Strasbourg, avec l’interpellation d’un ressortissant tadjik et d’un Tchétchène dont tout laisse à penser qu’ils ont été activés par des opérationnels de l’EI en Afghanistan pour frapper la France, ce qui serait une première. Pendant l’été, des partenaires européens ont également interpellé des individus présentant le même profil. Enfin, la police suédoise a arrêté des individus en lien direct avec l’EI en Syrie.

    Vous l’évoquiez plus haut, plusieurs projets d’attentats récents ont frappé les esprits par le jeune âge de leurs auteurs. Comment expliquer cette tendance ?

    Les 3 projets d’attentat déjoués par la DGSI en 2023 impliquaient des individus qui avaient tous moins de 20 ans. Le plus jeune avait 13 ans. Deux autres avaient 14 ans. Dans plusieurs de ces affaires – parfois traitées avec nos partenaires européens, parce que ce phénomène n’est pas que français, il est européen –, ces jeunes velléitaires ne fréquentaient pas de mosquées ni des lieux de socialisation : ils se structuraient en ligne, sur les réseaux sociaux, à travers un enfermement idéologique et numérique très préoccupant.

    Notre analyse, c’est que l’attrait pour l’idéologie djihadiste a significativement diminué du fait de la déroute de l’EI dans les années 2017-2018, notamment auprès des générations qui s’étaient engagées au début des années 2010. Mais la propagande de l’EI revient aujourd’hui séduire une nouvelle génération d’adolescents qui, pour des raisons diverses – une quête identitaire, l’écho d’un discours de victimisation, une glorification de pulsions violentes qu’ils peuvent nourrir par ailleurs – se montre de nouveau sensible à cette idéologie mortifère.

    Signe de cette tendance : pendant quasiment trois ans, aucun auteur d’attentats commis en France ne s’était revendiqué de l’EI. Or, lors des trois dernières attaques perpétrées en Europe, que ce soit à Bruxelles, Arras ou Paris, l’auteur s’est revendiqué de ce groupe. L’idéologie djihadiste n’est pas morte, et l’Etat islamique bénéficie d’un attrait nouveau au sein de ces jeunes générations.


  • Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a parlé, concernant le suivi de l’auteur de l’attentat de Paris, d’un « ratage psychiatrique ». Quelle difficulté pose la prise en compte des individus présentant des troubles psychiques ?

    Parmi les 5 200 objectifs inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste et suivis par la DGSI, 20 % présentent un trouble psychique documenté. Et sur les douze attentats que la France a connus depuis fin 2018, sept auteurs présentaient des troubles soit psychiatriques, dans un nombre restreint de cas, soit psychologiques. On ne peut pas faire comme si cette réalité n’existait pas.

    Un attentat est toujours le résultat de deux composantes : une idéologie mortifère et un auteur qui, pour des raisons complexes et personnelles, se montre réceptif à cette propagande.

    Prévenir une dérive violente lorsqu’il existe un trouble de la santé mentale, c’est donc à la fois, bien sûr, le travail des services de renseignement, mais ça doit aussi être celui des professionnels de santé qui peuvent contribuer à limiter les risques de passage à l’acte.

    Ce type d’individus peut en effet alterner des phases d’apaisement et d’agitation qui rendent le suivi policier particulièrement complexe. Ils peuvent se montrer très sensibles à une influence extérieure, à un événement de leur vie ou à un élément d’actualité. Nous ne sommes ni psychiatres ni psychologues, et il est parfois difficile pour nous d’apprécier leurs comportements.

    C’est la raison pour laquelle la DGSI a décidé, il y a deux ans, de structurer un dialogue respectueux avec les représentants de la profession et d’intégrer en son sein deux psychiatres qui nous aident à procéder à des examens de situation. Les préfets ont aussi été invités à s’attacher les services d’un médecin pour faire en sorte que ceux qui en ont besoin puissent accéder à des soins.

    Gérald Darmanin a justement proposé que les préfets puissent ordonner des « injonctions administratives » de soins…

    C’est un des enjeux identifiés : comment faire en sorte qu’un individu qui semble devoir bénéficier a minima d’un diagnostic médical puisse voir un médecin ? Le droit prévoit un dispositif d’hospitalisation sous contrainte, mais qui demande soit l’intervention d’un tiers proche, soit celle du préfet ou du maire, et qui est alors conditionné à un trouble objectif à l’ordre public.

    La difficulté survient quand on pressent une fragilité psychique qui ne se caractérise pas par un état de crise, comme c’était le cas pour l’auteur de l’attentat de samedi. La proposition portée par le ministre vise à mettre en place un système qui permette d’obliger ces personnes à se soumettre à un examen médical, à charge ensuite aux médecins de poser un diagnostic. Sur le plan opérationnel, ce serait une vraie plus-value pour les services de renseignement.

    L’auteur de l’attentat de samedi a évoqué la situation au Proche-Orient dans sa revendication. Comment analysez-vous l’impact de ce conflit ?

    Indéniablement, ce conflit a des conséquences directes sur la menace en France.

    D’abord parce que les grandes organisations terroristes, Al-Qaida et l’Etat islamique, ont appelé à travers plusieurs dizaines de communiqués à une réaction de solidarité à l’égard des « frères palestiniens ».

    Dans le cas de l’Etat islamique, qui a une aversion pour les causes nationalistes comme celle du Hamas, si la réaction a pris plus de temps et revêt un caractère opportuniste, elle n’en produit pas moins ses effets.

    Dans le même temps, il fleurit une série de discours irresponsables, qui tendent à présenter la France comme « complice inconditionnelle » d’Israël dans son « entreprise de génocide du peuple palestinien ».

    Ces discours ont comme conséquence, de manière évidemment plus insidieuse, de désigner la France comme cible légitime pour toutes celles et ceux qui ont une lecture essentialiste ou religieuse de ce conflit.

    Incluez-vous parmi ces discours des prises de parole politiques ?

    J’inclus des prises de paroles de toute nature…


  • Les Français doivent-ils apprendre à vivre avec cette menace et accepter que le risque zéro n’existe pas ?

    Aucun pays au monde, même parmi les plus autoritaires, ne peut prétendre être aujourd’hui à l’abri du risque terroriste. Il est très important de prendre conscience du fait que l’idéologie islamiste existera sans doute encore très longtemps.

    Les Français doivent savoir que cette menace va persister et que ce combat acharné s’inscrira nécessairement dans la durée.

    L’attentat du samedi 2 décembre, à Paris, soulève la question du suivi des détenus radicalisés à leur sortie de prison. Comment s’organise leur prise en charge ?

    La DGSI estime que parmi les 391 détenus aujourd’hui incarcérés pour des faits de terrorisme, un « noyau dur » d’une cinquantaine d’individus présentent, à ce stade de leur peine qui est encore longue, un profil particulièrement inquiétant.

    En outre, depuis l’été 2018, 486 détenus islamistes ont été libérés. Ce nombre peut sembler élevé, mais fort heureusement, tous les sortants ne présentent pas le même niveau de dangerosité. Le taux de récidive est d’ailleurs très faible.

    En effet, contrairement à ce que j’entends parfois, un nombre significatif d’entre eux a pris du recul par rapport à leurs engagements précédents grâce notamment aux efforts de l’administration pénitentiaire et aux suivis judiciaires mis en place à leur sortie. Même s’il faut rester vigilant, plus de la moitié de ces sortants présentent aujourd’hui un profil que nous considérons comme « désengagé ».

    Parmi l’autre moitié, aux profils plus ambivalents, certains restent ancrés dans l’idéologie radicale. Chaque sortant, quel que soit son profil, fait donc l’objet d’un suivi systématique par un service de renseignement, et la quasi-totalité se voit appliquer des mesures judiciaires et/ou administratives visant à favoriser la réinsertion et à leur imposer un dispositif de contrôle renforcé.

    La DGSI déploie par ailleurs des dispositifs de surveillance humaine et technique importants avec l’objectif de caractériser tout comportement susceptible d’entraîner une entrave judiciaire.

    Depuis septembre, cinq sortants ont ainsi été réincarcérés pour des violations de leurs mesures administratives. Deux autres, sortis de prison très récemment, ont été interpellés en octobre : ils ont été condamnés à cinq ans et six ans de prison pour apologie du terrorisme.

    L’enjeu, c’est d’arriver à détecter ceux qui sont susceptibles de nouveau de passer à l’acte. Les services, évidemment, surveillent. Mais malgré leur investissement, ils restent à la merci d’un passage à l’acte soudain, soit au terme d’un comportement dissimulateur, soit du fait d’une décompensation, sans qu’il y ait forcément de signes avant-coureurs.


  • A la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure depuis 2018, Nicolas Lerner revient sur les enjeux du suivi des terroristes présentant des troubles psychiques, comme l’auteur de l’attaque au couteau , samedi 2 décembre, à Paris.

    Après plus de deux années d’accalmie, il constate une hausse de la menace portée par de très jeunes individus et alimentée par le regain de dynamisme des groupes terroristes en Syrie et en Afghanistan.

    Le Monde : Comme l’auteur de l’attentat d’Arras, dans le Pas-de-Calais, celui de l’attaque au couteau, à Paris, était suivi par la DGSI. Est-ce un échec pour votre service ?

    Nicolas Lerner : Il n’y a pas une journée qui passe sans que les quelque 5 000 agents de la DGSI ne soient mobilisés : 73 attentats ont été déjoués depuis 2013, 43 depuis 2017. Rien que depuis mars 2023, trois ont pu être empêchés par la DGSI.

    Depuis l’assassinat de Samuel Paty, conformément aux instructions de fermeté du ministre de l’intérieur, 545 étrangers inscrits au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste ont par ailleurs été éloignés. Au regard de cet investissement quotidien, chaque passage à l’acte constitue pour nous une amère frustration et une immense tristesse.

    Le Monde: Ces deux attaques marquent-elles un retour de la menace terroriste en France après une période d’accalmie ?

    Nicolas Lerner : L’attaque d’Arras intervenait, en effet, après une période d’un an et demi sans attentat. Le dernier traité comme tel judiciairement, c’était l’assassinat d’Yvan Colonna en détention, en mars 2022. Mais si on considère uniquement les attentats survenus hors détention, il fallait remonter à l’assassinat de Stéphanie Monfermé, à Rambouillet (Yvelines), en avril 2021, il y a deux ans et demi.

    De fait, nous constatons depuis plus d’un an que cette menace est de nouveau orientée à la hausse sous l’effet de trois facteurs. D’abord, une redynamisation de la mouvance endogène, singulièrement portée par de très jeunes individus. Deuxièmement, l’ancrage persistant dans l’idéologie djihadiste de profils expérimentés et animés d’une volonté intacte de nous frapper. Et, troisièmement, le retour de la menace en lien avec des théâtres extérieurs.












  • RedBoule@jlai.luOPtoFrance@jlai.luJ7 du proces du 8.12
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    9 months ago

    En effet faut pas jetter le bébé avec l’eau du bain mais j’ai l’impression que quand la menace terroriste est basse cette agence dégénère en police politique bas de gamme. Cette hystérie autour des méga-bassines ou des gauchistes fait l’effet d’une agence désoeuvrée qui cherche à justifier son budget.

    La hausse des effectifs massive depuis 2015, alors que la menace a diminué dans les années qui ont suivi, le covid a calmé le jeu aussi, cela les a ammené à délirer, ils étaient en sur-capacité et commençaient à bouffer des types au hasard pour faire du chiffre.

    S’ils n’ont rien à faire qu’ils s’occupent de contre-espionnage et de guerre économique au lieu de fabriquer des épouvantails. Enfin maintenant que la menace est revenue ils vont se ressaisir j’imagine.









  • Quelques extraits des 4 journées d’auditions.

    La présidente informe les prévenus que l’objectif de la journée est de « savoir un peu qui vous êtes »

    « On va commencer par vos choix d’études et votre entrée dans l’âge adulte, sans s’intéresser à la petite enfance. »

    On cherche des réseaux introuvables : cette maison en colocation, comment en avez-vous appris l’existence ? En réponse, il n’y a rien d’autre que la vie singulière de quelqu’un : « on se baladait sur une rivière et elle nous a plu, alors on a appelé le propriétaire ». On mélange des fils de discussions qui insinuent sans dire : votre passage à Sivens vous a marqué ? êtes-vous angoissé par le Covid ? vous êtes sensible à la question animale ? le survivalisme, cela vous parle ? « J’ai toujours eu une anxiété par rapport à l’avancée… des choses. C’est pour cela qu’aujourd’hui je veux vivre tranquille. J’ai un potager, des poules… » Le fossé ne cesse de se creuser : d’un côté tout ce fourbi d’abstractions des réseaux et des causes ; de l’autre les rivières, les forêts, les poules, les amis.

    La présidente, à propos de la ZAD de Sivens « L’arrivée des forces de l’ordre à Sivens semble avoir été très marquante pour vous. »

    Je n’aime pas le violence.

    La violence de quel côté ? Y a-t-il un problème envers les forces de l’ordre à Sivens, pour vous en particulier ?

    La 2° assesseure ajoute: « Ce qui est évoqué, juste avant, c’est Rémi Fraisse. Parlons-en ».

    On ne sait pas trop de quoi il faudrait parler. Le prévenu, à la barre, trouve pourtant ces paroles. « J’ai eu un sentiment d’impuissance face au militantisme »

    La présidente insiste sur un autre point : les craintes éventuelles du prévenu envers « une future rupture de normalité » ?

    le triste jeu du tribunal est étouffant : prouver sa propre normalité, celle de ses valeurs

    on le questionne sur ces liens avec les autres prévenus. Un autre était son meilleur ami. « On nous appelait Timon et Pumba. » Mais sinon, très peu de lien ou pas du tout avec les autres accusés. Le groupe n’en est pas un.

    deuxième prévenu

    « Je suis en colère d’être face à vous, à la fois triste et en colère. J’ai vécu trois ans de répression. Dix mois à Fresnes. Je n’ai jamais été violent et me retrouver accusé de terrorisme, c’est pour moi insupportable, terrible. »

    Il s’est rendu en Colombie – l’enquête a un moment osé suggérer qu’il s’agissait de rejoindre un groupe révolutionnaire armé, suspicion levée

    avant d’aller en Irak pour rejoindre le Rojava. « Aviez-vous l’idée d’engagement dans une cause ? Tous les mots sont piégeux, quand je dis cause, mais qu’est-ce qui vous tenait à cœur alors ? »

    -Vous l’avez dit vous-même, les mots sont piégeux. Mais je voulais aller au Rojava pour soutenir le peuple kurde. Tout simplement. Je n’ai pas pu y aller car c’était au moment du retrait des troupes américaines décidé par Trump et il était trop dangereux de rejoindre le Rojava. « J’allais au Rojava pare que ça me parle : le confédéralisme démocratique, l’horizontalité, le respect des religions, des coutumes, des langues. Je voulais être acteur de ça. »

    L’assesseure qui évoquait Rémi Fraisse revient à la charge : « De quelle intolérance parlez-vous ? Est-ce que vous visez les forces de l’ordre ? » Non, il parlait de valeurs humaines. « J’insiste : vous voulez lutter contre les forces de l’ordre ou l’armée ? »

    troisième prévenue

    « Lors de mon placement en garde à vue, j’ai déclaré que je trouvais ce même placement absurde. Ça a été beaucoup repris pendant l’instruction, avec ironie et provocation. Cette absurdité, c’est pourtant la chose la plus sincère que j’ai ressentie. »

    « j’ai enchaîné les contrats courts parce que j’ai toujours voulu me consacrer pleinement à mon travail. Dans les métiers du soin, qui sont épuisants, les gens sont vite épuisés par leurs conditions de travail et ne peuvent pas se consacrer pleinement à leurs tâches. »

    l’impossibilité d’aller au bout d’une formation d’ambulancière à cause de l’arrestation est rappelée.

    La présidente revient une nouvelle fois sur sa présence dans un squat à Toulouse, où sont passés beaucoup d’autres prévenus. On sent venir la corde – assez grossière – de la centralité de ce lieu comme endroit où le « groupe » des sept prévenus se serait rencontré. « J’y suis allé deux fois en tout. »

    la présidente insiste sur le refus d’accepter le principe de l’enquête de personnalité, « ça dit quelque chose de votre personnalité »

    La question est de s’en prendre aux institutions françaises. La justice en est une. Vous critiquez la justice et ne lui faites pas confiance ?

    Vous détournez mes mots. […] Oui, dans ma vie, je porte des questionnements. Je me demande toujours, en comparant avec les façons de faire dans d’autres parties du monde, d’autres façons de penser : comment peut-on faire mieux ?

    Vous citez Véronique Blanchard et vous parlez de préjugés de classes, de sexisme, de racisme dans la justice. La juge que je suis est obligée de vous demander ce que vous en pensez maintenant. Je crois qu’on ne peut pas nier que la justice a fait des erreurs. Ces questions ne parlent pas que de moi mais de questions qui traversent toute la société. C’est peut-être un peu prétentieux, mais le tribunal rend la justice au nom du peuple français…

    L’autre assesseure enchaîne : Quand avez-vous fini votre master, et sur quel sujet portait-il ?

    C’était un travail de littérature comparée sur trois auteurs, dont j’étudiais la représentation de la guerre. Notamment comment la représentation de la guerre avait pu impacter l’écriture de littérature.

    Qu’avez-vous retiré de ce travail de recherche ? Je vous dis ça pour comprendre qui vous êtes, votre conception de la société…

    Mon idée était qu’à travers les représentations de la mort, on approche des manières de vivre. C’est quoi, faire deuil ensemble ? Comment peut-on se reconstruire après des événements marquants, comme une guerre ?

    On pourrait faire un lien avec vos engagements ultérieurs… Y a-t-il un fil conducteur entre ce travail et vos engagements ?

    Je ne vois pas du tout. […] Je ne sais pas du tout comment relier mes études avec mes chefs d’inculpation, avec ça… Mes études se demandaient comment vivre ensemble, et les chefs d’inculpation, c’est l’extrême inverse.

    Il y a tout de même la guerre. On peut se questionner sur cet intérêt pour la guerre…

    On peut se questionner sur ces questions, et la salle le fait en se regardant avec une gêne qui atteint même certains représentants de la presse, pourtant imperturbables jusque-là.

    J’ai étudié des récits de vie qui ne font pas des descriptions de la guerre, mais se demandent comment elle est ressentie.

    L’avocate de la prévenue profite d’un des PV fait par l’un des deux enquêteurs anonymes, pour rappeler son inanité : il mentionnait que la prévenue avait déménagé dans la même rue que Julien Coupat. « Je l’ai appris grâce à ce PV. »

    L’interrogatoire de Libre Flot

    on commence par son casier judiciaire : une infraction de conduite sous stupéfiant, et une affaire d’outrage. LF aurait craché dans la boue aux pieds de policiers patrouillant auprès de ce qui restait de la Jungle de Calais : un lieu où LF donnait des cours de français aux migrants.

    une formule qui résume tout un pan de vie : « je suis passé des punks aux hippies ».

    le tribunal se promène à la découverte d’un mode de vie : celui des travellers, ces personnes au domicile mobile, toujours prêtes à partir au gré de leurs besoins de changer d’air et de leurs nécessités de trouver du travail.

    « À aucun moment vous ne vous êtes dit que vous pourriez développer un talent particulier ? »

    « Est-ce que vous avez pensé à consulter un thérapeute ? »

    Et de manière répétitive, une insistance, revient avec chaque accusé, sur la consommation d’alcool. Une façon de tourner autour des dialogues enregistrés où certains auraient tenu des propos menaçants pour l’ordre constitué et ceux qui le servent. « bon, mais quand même quand on décide de s’alcooliser, c’est un choix délibéré, personne ne vous y force ». Comme pour réintroduire la notion de responsabilité dans des propos censés manifester une dangerosité.

    Simon, l’artificier de Disneyland.

    il ne se reconnaît pas du tout dans le portrait que le dossier d’accusation dresse de lui, il rappelle qu’il a été, au moment de son arrestation, braqué par un fusil d’assaut et traîné par les cheveux.

    « Simon est questionné sur un accident de scooter qu’il a eu à 15 ans. Il a été percuté par une voiture qui a grillé une priorité. Il a été renversé par une voiture conduite par un policier ivre qui rentrait de service.

    Plus tard, au centre de rééducation, des collègues de ce policier ont fait pression sur lui pour qu’il retire sa plainte, sans succès je crois. Le lien est fait, un peu, avec son tatouage ACAB à la main. »

    L’avocate le questionne “Pourquoi ne pas avoir voulu mentionner le fait qu’un policier soit impliqué dans votre accident de scooter ?”

    Simon répond : “Le moindre doute que l’on peut avoir sur l’institution policière peut ici être retenu à charge, j’ai donc eu peur d’en parler”.

    Il a un portfolio d’essais spéciaux et serait presque prolixe quand il explique la différence entre les feux d’artifice répétitifs et formatés qu’on exige de lui à Disneyland et les effets spéciaux au cinéma, qui stimulent sa créativité. De quoi mettre en perspective les essais de pétard en période de confinement qui sont un des piliers de l’accusation.